Dévoilé le 24 janvier dernier, le palmarès 2020 des JAPL distingue neuf lauréats dont huit agences d’architecture et une agence de paysage, et fait cohabiter plusieurs profils, témoignant de l’évolution de la pratique de conception et des questionnements qui animent la profession.

Qu’ils soient diplômés en architecture, architectes ou paysagistes, tous estiment primordial d’interroger les cadres de la commande classique pour élargir leurs interventions de l’échelle du détail à celle de la ville ou de l’espace public. Conscients que l’acte de construire s’inscrit dans un milieu et que l’écriture architecturale ou paysagère n’est pas neutre, ils proposent des interventions mesurées et sur-mesure.

Ils sont animés par le plaisir de se confronter au réel par le projet, depuis l’arpentage du site, en passant par la rencontre avec la maîtrise d’ouvrage, le travail en atelier ou sur le chantier, jusqu’à la manière dont un bâtiment ou un espace public livrés sont ensuite pratiqués.
Ils explorent la matière et ses détournements, sont soucieux du détail et de l’usage raisonné des ressources. Ils déplacent les périmètres de la profession, tout en s’y engageant activement, pour eux chaque projet est aussi une aventure humaine, parfois ancienne, souvent débutée sur les bancs de l’école.

Il faut saluer le courage et l’énergie de cette génération qui, face à la précarité et à la difficulté d’accès à la commande, fait preuve d’inventivité et d’agilité pour faire vivre sa passion. Ces neuf lauréats sont assurément les représentants exemplaires des nombreux jeunes architectes et paysagistes qui ne lâcheront rien pour agir et accompagner la transition environnementale, économique et sociale qui s’annonce.

Pour explorer les conditions de l’habitabilité du monde, ce palmarès prometteur propose une diversité de solutions. Certains répondent aux enjeux environnementaux à travers des utopies concrètes comme le concours d’idées remporté par FAAR Paysage en réponse aux crues de la Loire, ou en privilégiant les filières courtes et les matériaux biosourcés, comme l’école publique de la Selle Craonnaise par Huitorel & Morais architectes et la maison en lisière des marais par KARST architecture. D’autres s’attellent aux enjeux posés par l’espace public et les communs, comme l’aire d’accueil des gens du voyage par l’atelier lau et La Nizanerie par le Collectif GRU. D’autres encore interviennent sur des bâtiments existants, à la manière de l’extension d’une maison à Rezé par Baltique et de la requalification d’une ancienne usine en bureau et logement par Office Zola architectes. D’autres, enfin, entre petite et grande échelle, s’engagent avec finesse et poésie, ainsi de l’habitat temporaire Superpausée conçu par VOUS Architecture & Design et du magasin de cycles dessiné par l’Atelier Ronan Prineau.

D’un prix à l’autre,
trois autres talents ligériens nommés AJAP 2018

Le catalogue des JAPL 2020 et l’exposition qui l’accompagne présentent, hors-sélection, le travail de trois agences nantaises lauréates de l’Album des Jeunes Architectes et Paysagistes du ministère de la Culture 2018 (AJAP 2018). La promotion 2018 de ce concours biennal aura révélé vingt figures montantes de la jeune création contemporaine, permettant de reformuler les questions architecturales, urbaines et paysagères. Parmi elles, l’atelier de paysages La forme et l’usage LALU, et les agences d’architecture MIMA et TITAN respectivement lauréates des JAPL 2016 et 2011.

Les projets sélectionnés illustrent leur capacité à s’emparer de commandes plurielles à différentes échelles, depuis l’aménagement du Parc de Méan-Penhoët (LALU) à la conception d’un poste d’aiguillage pour la SNCF (TITAN) en passant par des logements sociaux participatifs (Atelier MIMA).

Si les espaces conçus démontrent les compétences techniques et esthétiques des trois agences, ils témoignent avant tout de l’attention portée aux usages et à la qualité des espaces vécus. Ambassadeurs d’une relève impliquée, LALU, TITAN et Atelier MIMA ouvrent la voie vers une conception de l’architecture et du paysage respectueuse des milieux et de ceux qui les habitent.

Pauline Ouvrard