Il y a une évidente liberté dans le désir et dans les projets de Boris Nauleau, celle des espaces qu’il dessine généreux et appropriables, celle des modes de faire qui vont désormais de l’autopromotion (son frère) à la promotion classique (Giboire). Du jeu subtil avec les fonctions pré-attribuées qui l’ont vu détourner les granges (les longères, c’était déjà trop convenu), jusqu’aux matériaux puisque sans abandonner le bois dans sa variante tripli sa palette s’est désormais considérablement élargie. L’agence CLAAS, qu’il vient de fonder avec Fabienne Legros et Michel Bazantay, est le fruit d’une lente sédimentation. Elle se cristallise autour d’un lieu de travail partagé qui a servi de point de départ ou de « remise à zéro » pour ces trois architectes. La volonté de se regrouper était celle du partage d’un lieu mais également d’expériences et de compétences. De cet échange de regards et d’expertises et de ces engagements partagés sont « naturellement » nées les collaborations de travail. Un architecte s’affirme dans la différence mais pas dans l’opposition, et on le voit encore une fois, les générations ne sont pas qu’une question d’âge, elles sont autant sociologiques que biologiques : une petite quinzaine d’années peuvent vous séparer, qu’importe si les idées trouvent à se confronter pour se conjuguer. L’année 2014 a marqué un tournant pour ce regroupement de « singularités collaborantes ». Le prix des AJAP 2014 attribué à Boris Nauleau coïncidant avec le « tassement » relatif des carnets de commandes respectifs, tout cela les a conduits à mieux affirmer leur fonctionnement commun. Point de passage obligé pour viser les logements collectifs et les petits équipements et puis dépasser les commandes affinitaires plus modestes. Aucun reniement cependant, leur architecture résulte toujours d’une approche pragmatique précise : la capacité des modes constructifs (notamment le bois) au service d’espaces de vie généreux et évolutifs.